Comment définir et mesurer la pauvreté en France ?
L’Insee a publié comme chaque année son document de référence sur les revenus et la pauvreté en France. Selon la définition adoptée, on compte entre 5 et 9 millions de personnes pauvres en France. L’écart entre ces données s’explique par la manière donc on évalue la pauvreté. Ici, elle est appréciée par rapport au niveau de vie médian de la population. Mais, mesurer la pauvreté ne se résume pas à un point de vue monétaire, c’est aussi prendre en compte les conditions de vie et d’autres indicateurs.
La pauvreté monétaire : la mesure la plus utilisée
Pour chiffrer la pauvreté, que ce soit en nombre ou en taux, la méthode utilisée notamment par l’Insee, l’institut de statistiques français, se réfère au niveau de vie, en euros, de l’ensemble de la population. On parle alors d’une mesure de la pauvreté monétaire relative.
L’Insee utilise ainsi le niveau de vie médian de la population, c’est-à-dire le niveau de vie qui partage la population en deux groupes de même taille : une moitié a un niveau de vie supérieur à ce niveau de vie, l’autre inférieur. Selon les données 2018 de l’institut, ce niveau de vie médian est égal à 1 771 euros par mois pour une personne seule, après impôts et prestations sociales.
Être pauvre, c’est vivre avec un niveau de ressources calculé en proportion de ce niveau de vie médian. On applique donc un pourcentage à ce dernier et on obtient le niveau de vie en dessous duquel on est considéré comme pauvre. En France, c’est le seuil de 60 % du niveau de vie médian qui est appliqué. Alors que ce seuil a longtemps été celui de 50 %, et que l’on pourrait très bien décider de le fixer à 30 %, 70 %, 85 %, etc. Il s’agit d’une décision « arbitraire » mais qui permet de fixer un niveau de ressources en dessous duquel on considère qu’une personne est pauvre.
Les seuils en dessous desquels une personne seule est considérée comme pauvre en France (appelés les seuils de pauvreté) en 2018 sont donc de : 1 063 euros par mois au seuil de 60 % du niveau de vie médian et 885 euros au seuil de 50 %. Des niveaux de vie, on le voit, qui diffèrent et qui ne rassemblent donc pas les mêmes types de populations.
Pour affiner ces données, l’Insee prend en compte la composition des ménages. Ainsi, une famille monoparentale avec un enfant de moins de 14 ans est considérée comme pauvre si ses revenus mensuels sont inférieurs à 1 151 euros au seuil de 50 % et à 1 381 euros à celui de 60 %. De la même manière, ces chiffres sont respectivement de 1 860 euros et 2 231 euros pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans.
Avec ces indicateurs, il est possible de calculer le nombre de personnes pauvres et le taux de pauvreté, c’est-à-dire la part de population pauvre dans la population, une année donnée. Ainsi, en 2018, on compte 5,3 millions de personnes pauvre au seuil de 50 % du niveau de vie médian, ce qui correspond à un taux de pauvreté de 8,3 %. Au seuil de 60 % du niveau de vie médian, le nombre est de 9,3 millions et le taux de 14,8 %.
D’autres indicateurs pour mesurer la pauvreté
Si la pauvreté monétaire est l’indicateur le plus utilisé pour définir et mesurer la pauvreté, cette dernière peut également être appréhendée par le biais d’autres instruments, notamment la pauvreté en conditions de vie.
La pauvreté en conditions de vie mesure la proportion de ménages qui connaissent des privations en matière de consommation, des problèmes de retards de paiement de factures ou de loyers, des difficultés de logement ou des ressources insuffisantes pour par exemple se payer une semaine de vacances une fois par an, maintenir leur logement à bonne température, ou encore pour prendre des repas régulièrement. Des domaines donc où la pauvreté a des conséquences. Selon les données 2017 de l’Insee, 11 % des ménages sont pauvres en condition de vie en France.
Mais être pauvre recouvre bien d’autres domaines qu’il n’est pas toujours facile de mesurer précisément. Ne pas disposer de diplôme par exemple empêche d’accéder aux emplois qualifiés et les mieux rémunérés. Plus de deux millions de personnes parmi les 30-49 ans sont dans ce cas (donnée 2017), soit 13 % de cette tranche d’âge.
De la même manière, la précarité de l’emploi (contrats de travail à durée déterminée, intérim, temps partiel subi, etc.) est un autre visage de la pauvreté. Huit millions de personnes sont considérées comme touchées par le mal-emploi en 2018 selon l’Observatoire des inégalités.
Le mal-logement, pointé du doigt chaque année par la Fondation Abbé Pierre, concerne quatre millions de personnes en France, qui vivent dans un habitat dégradé, un logement surpeuplé, ou encore sans domicile personnel ou la rue.
On pourrait aussi ajouter à ces indicateurs non monétaires de la pauvreté, la précarité énergétique, les oubliés de la société des nouvelles technologies, l’isolement ou la part de personnes qui reste à l’écart de la société des loisirs.
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